Après une tentative infructueuse dimanche dernier où j’ai dû abandonner sur une casse mécanique après 5 cols et 260kms, je me suis remotivé immédiatement pour repartir samedi matin à 4h00 du matin depuis Jausiers pour ce périple de 365 kms et 10400m de dénivelé.
Pour ne pas être lassé je fais l’itinéraire en sens inverse. La forme est là et la Bonette, puis la Lombarde sont bouclés avec un bon tempo. A l’amorce de la Fauniera depuis Demonte, la température monte très vite et il fait déjà chaud. Je gère bien la montée et tout ce passe correctement. la descente sur Ponte Marmora est sans pitié pour les freins et les mains sont vites endolories.
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J’attaque l’ascension du col de Sampeyre depuis Stroppo où il fait 32° à l’ombre. Je suis en nage et le soleil très agressif. Je souffre de cette chaleur et je suis obligé de réduire mon rythme. La descente sur le village de Sampeyre est également exigeante physiquement et il faut redoubler de prudence sur cette petite route très fréquentée ce samedi. Au village je prends peur en regardant le thermomètre qui affiche 36°.
L’ambiance est lourde. Dès les premiers coups de pédale je suis assommé, le coup de chaleur est là. Je m’arrête, je m’allonge et je m’asperge d’eau, mais c’est trop tard je suis totalement abattu.
Le long et difficile col Agnel versant Italien va tourner au cauchemar. Je ne peux plus rien avaler, que ce soit eau ou nourriture. Au courage et en cherchant la motivation dans tous les recoins de mon cerveau je parviens au sommet épuisé. Je ne sais pas si je peux continuer l’aventure, mais je ne veux pas renoncer.
J’amorce la montée suivante vers le col de l’Izoard en état second. Le manque d’énergie et de boisson se fait sentir. Je prend un rythme de survie et petit à petit je monte. Je fais l’intégralité du col sans boire ni manger. La photo au monument et faite très vite car l’orage gronde maintenant.
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Je m’élance dans la descente vers Briançon, mais au bout d’un kilomètre il pleut. la route se détrempe et dans la nuit il faut être prudent. A Briançon je m’efforce de manger un petit sandwich, mais rien à faire il ne passe pas.
Je continue sur Guillestre sous une forte pluie et des éclairs énormes. Par endroit je ne vois rien et mes yeux se ferment pour éviter les grosses gouttes. J’attaque alors le col de Vars diminué mais maintenant totalement déterminé. J’arrive enfin à prendre une banane, mais l’eau. Je fais toute la montée avec obstination. Je ne peux pas vraiment profiter du moment, des animaux débusqués à la lueur de ma frontale, de la voie lactée qui apparaît maintenant que le vent ait chassé les nuages et éloigné l’orage, de la magie de progresser dans le noir sans bruit. L’arrivée au col est intense et je suis vraiment ému, mais cuit !
La descente sur Jausiers pour boucler la boucle se fait encore sur une chaussée mouillée et dangereuse, je me force pour rester vigilant et tonique, alors que je suis fatigué. L’entrée à Jausiers à 02h50 est magique, Vincent m’attend en vélo et fait les derniers tours de roue avec moi, Guy et son épouse sont là, enthousiaste et bienveillants, ma femme et mon fils toujours à mon petit soin, j’ai vraiment de la chance.
Cerise sur le gâteau Guy à apporté une bouteille de champagne et les coupes qui vont avec et c’est dans une atmosphère un peu irréelle par rapport à ce que je viens de vivre, que nous trinquons à 03h du matin en plein centre du village, tous heureux de ce moment pas comme les autres. Les 7 Majeurs à vélo enfin bouclés !
Un immense merci à mon épouse, mon fils, Vincent et une mention exceptionnelle pour Guy et son épouse, ils se reconnaîtrons !